Marie de Médicis (Florence 1573 - Cologne 1642).
Reine de France (1600 - 1610).
Deuxième femme de Henri IV en 1600.
Inhumée à l'abbaye de Saint-Denis.
Marie de Médicis, fille du grand duc de Toscane François de Médicis et de l'archiduchesse Jeanne d'Autriche, a 27 ans quand elle arrive en France pour épouser le roi Henri IV, dans un cortège luxueux immortalisé par Rubens.
Très tôt orpheline de mère, son père qui ne pense guère qu'à Bianca Capello, la fait élever avec sa soeur au palais Pitti où elle se lie étroitement avec une de ses femmes qui prendra le nom de Léonora Galigaï.
Physiquement, elle est un peu épaisse ("une grosse banquière", dit d'elle aimablement une des maîtresses du roi).
Intellectuellement, elle n'a pas beaucoup de jugement ni de largeur d'esprit, elle dépend terriblement de son entourage.
Indolente et nonchalante, elle aime les arts et les pierreries.
Elle donne très vite à Henri IV le dauphin souhaité (le futur Louis XIII naît à Fontainebleau le 27 septembre 1601) et de nombreux enfants presque tous en bonne santé (6 en tout).
Elle s'entend bien avec le roi malgré les frasques de celui-ci, sauf en ce qui concerne la maîtresse en titre, Henriette d'Entragues, marquise de Verneuil, demi-soeur d'un bâtard de Charles IX.
Elle fait à son sujet des scènes que Sully lui-même, dont c'est une de ses fonctions, a de la peine à la calmer.
Il est vrai qu'elle avait tout lieu de se méfier d'une marquise qui avait habilement amené avec l'appui de sa famille, Henri IV à lui promettre le mariage, au moment même des négociations en vue du mariage florentin.
Henriette d'Entragues se sent quasiment la reine légitime et sa frustration la rend dangereuse.
Elle en vient à comploter contre le roi (trois grands complots ébranlent l'État en 1602, 1604 et 1606 ; la famille d'Entragues y étant toujours présente sur fond de complicité avec l'Espagne). Henri IV réprime ses complots mais se montre toujours clément envers les Entragues.
Le roi devant prendre la tête des armées pour son aventure de Clèves, il confie la régence à sa femme qui est d'autre part, solennellement couronnée à Saint-Denis le 13 mai 1610. Le lendemain, Henri IV est assassiné et Marie se retrouve régente "avec toute-puissante autorité", puisque le roi n'a que 9 ans. Elle doit le rester jusqu'à la majorité de Louis XIII (le 2 octobre 1614).
Elle gouverne en fait jusqu'en 1617 comme chef du Conseil c'est-à-dire qu'elle laisse gouverner Concini, le mari de sa favorite Léonora. Outre leur avidité personnelle, qui les fait piller l'État, les Concini défont ou laissent défaire la politique d'Henri IV : ils écartent Sully et les autres ministres, lorsque les grands, qui trouvent l'occasion bonne, se soulèvent, ils n'ont pas d'autre idée pour les pacifier que de leur donner argent et gouvernement.
Ils doivent accepter la convention des États généraux (octobre 1614 - février 1615). La dernière avant 1789 - mais la rivalité des ordres - ôte à l'assemblée toute efficacité.
Un homme se révèle alors, un des députés du clergé, Richelieu, évêque de Luçon dont on remarque les qualités d'orateur (il sera fait secrétaire d'État en novembre 1616, ce qui sera le début de sa carrière).
Mais surtout les Concini sont comme Marie elle-même, "du parti dévot" et se rapprochent de l'Espagne dont Henri IV souhaitait avant tout être indépendant.
D'où la politique des "mariages espagnols" conclus en 1612 : Louis XIII devant épouser l'infante Anne et sa soeur Élisabeth le futur Philippe IV, mariages célébrés en 1615.
Ce qui inquiète les protestants. Certains d'entre eux se joignent alors à une certaine rébellion des grands, calmée par les moyens habituels en mai 1616.
L'arrestation de Condé qui continue à intriguer, parait laisser les mains tout à fait libres à Concini. Mais on sait que Louis XIII, aidé de Luynes, s'en débarrasse le 24 août 1617.
Marie est alors écartée des affaires et exilée à BloisRichelieu la suit d'abord, avant d'être lui-même écarté par Luynes.
La carrière de la reine mère après 1617 n'est qu'une suite confuse de tentatives pour continuer à jouer un rôle politique contre le gré de son fils et contre le gré de Richelieu, qui lui doit pourtant son élévation jusqu'au point où elle perd tout et doit quitter la France définitivement.
En un premier temps, elle s'évade de Blois, d'une manière à la fois romanesque et ridicule : c'est une grosse femme, peu agile qu'on descend péniblement par une échelle de corde, en pleine nuit, en février 1619 et qui rejoint Epernon à Angoulême.
Ce dernier prépare une nouvelle révolte des grands, qui éclate en juin 1620, mettant fin à cette "guerre de la mère et du fils".
Marie rentre alors à Paris. Elle s'occupe de faire construire son palais du Luxembourg, pendant que Louis XIII est occuper à mater une nouvelle rébellion protestante (1620 - 1622).
Luynes meurt pendant cette campagne, en 1621.
La reine mère reprend alors une certaine influence sur son fils : elle siège à nouveau au Conseil et réussit à y faire nommer Richelieu, cardinal depuis 1622 mais sans entrée au Conseil.
Trois mois après, il en sera le chef. Après cela, il s'agit de savoir qui, de Marie ou du cardinal, va l'emporter dans l'esprit de Louis XIII . L'enjeu politique est capital puisqu'il s'agit en fin de compte de choisir un État fort qui s'opposerait aux protestants et aux grands de l'intérieur et qui mènerait une politique nationale à l'extérieur et un royaume qui ne serait jamais plus le jouet des princes, à la remorque des puissances catholiques.
Le conflit culmine dans la fameuse "Journée des Dupes", le 10 novembre 1630 où la reine mère essaie d'obliger Louis XIII à renvoyer Richelieu. La scène est si violente que le roi s'enfuit sans rien décider; tout le monde y compris Richelieu croit que Marie a gagné. Mais non, le soir même, Louis XIII fait appeler Richelieu. Tous les partisans de Marie sont alors emprisonnés ou bannis et la reine elle-même, qu'on ne peut exiler brutalement est d'abord enfermée à Compiègne dont elle s'évade en juillet 1631.
Elle ne reverra jamais son fils. Elle tente sans succès, de s'installer dans une forteresse à la frontière de la Picardie et est obligée de demander à Bruxelles l'hospitalité de l'infante Isabelle (l'ancienne prétendante au trône de France, sous la Ligue).
Elle intrigue alors de tous côtés sans jamais arriver à rien, s'entoure de serviteurs de plus en plus médiocres, manque d'argent et erre d'un pays à l'autre de la Flandre qu'elle quitte en 1637 à la Hollande où elle se brouille avec tout le monde, à l'Angleterre où elle lasse jusqu'à sa propre fille.
Rubens lui offre une petite maison à Cologne.
Elle s'installe dans cette ville où elle meurt le 3 juillet 1642.
Son corps est ramené à Saint-Denis, sans grande cérémonie.

Sur le plan des arts, Marie de Médicis est plutôt une dilettante, amie de son confort et de son prestige, qu'une véritable inspiratrice.
Elle n'est pour rien dans le fait que c'est pour son mariage que Péri compose à Florence le premier dramma per musica (une Eurydice à fin heureuse !) c'est-à-dire le premier opéra, auquel assiste d'ailleurs Monteverdi.
On lui doit, à Paris, le palais du Luxembourg qu'elle fit construire après la mort du roi, en s'inspirant du palais Pitti de son enfance.
Elle entreprit de le faire décorer splendidement et s'entoura pour cela des meilleurs peintres, comme Philippe de Champaigne.
C'est à Rubens qu'elle commanda, en 1622, deux séries de douze tableaux de grande dimension, destinés à la glorifier avec son époux (que l'on peut aujourd'hui admirer au Louvre (galerie Médicis)).
Seule la première toile, qui lui était consacrée, fut achevée, non sans peine par Rubens qui, ne voulait pas peindre de tableaux qui "touchent à la raison d'État" et qui n'y arrivait pas toujours.
Elle fut admirée lors de l'inauguration du palais, en l'honneur du mariage d'Henriette de France avec le roi d'Angleterre, en mai 1625. Marie ne put en profiter longtemps.
Ses six enfants furent Louis XIII; Élisabeth qui épousa le roi Philippe II d'Espagne ; Chrétienne, femme du duc de Savoie, Victor-Amédée Ier ; Nicolas, duc d'Orléans ; Gaston, duc d'Orléans et Henriette Marie, épouse de Charles Ier , roi d'Angleterre.


Retour