Il se compose comme suit :
- AVANT-PROPOS : L'EUROPE DES SORCIERES dans lequel l'auteur nous montre que la société actuelle dépend fortement de la mentalité du XVIIè siècle...
- A LA RECHERCHE DES SORCIERES où l'auteur donne des informations méthodologiques et l'objet de l'oeuvre : c'est en fait une introduction composée de plusieurs parties :
* Dans un premier temps, Robert Muchembled explique que les croyances sont d'origine culturelle at assimilées durant la vie . De même, la sorcellerie , que nous croyons morte, est en réalité plus vivante qu'il n'y parait car nous sommes, encore au XXè siècle, sensibilisés à un surnaturel qui n'est pas toujours proprement chrétien : dans nos contes de fées, dans les légendes régionales,... L'auteur veut montrer, grâce à cet ouvrage, comment l'image de la sorcière sur son balai, devenue banale, s'est créée en supplantant des conceptions plus anciennes et plus populaires, mais sans les empêcher de survivre et de reparaitre, y compris jusqu'à nos jours .
* Dans un second temps, l'auteur développe un point qu'il intitule : " Les séductions du diable " où il explique que le fait d'associer à la sorcière le démon et le mal a été construit par des inquisiteurs du Moyen Age. Cette théorie démonologique fut développée par les magistrats du parlement de Paris au XVIIè siècle, enclins à plus de rationnalisme dans l'explication de l'univers. Ils lancèrent une chasse aux sorcières dans la plupart des pays d'Europe, le paroxysme de ce mouvement fut atteint entre 1560 et 1660-1680. En général, cette chasse était srtout féminine car on brulait 3 ou 4 femmes pour 1 homme. Les informations concernant ces chasses ont été obtenues grâce aux procès criminels où les accusés sont conduits à avouer, généralement sous la torture, la participation au sabbat, l'utilisation de poudres et d'onguents maléfiques... Ces descriptions sont si fréquentes qu'on est tenté d'adhérer à ces interprétations que l'on faisait des sorcières . Robert Muchembled aimerait corriger cette image toute faite de la sorcellerie .
* Dans un troisième temps, l'auteur développe un nouveau point : "La raison et le coeur", cette thèse fut développée au XIXè siècle par des chercheurs passionnés, rationalistes, qui interprétèrent diffèremment les documents cités précédemment : ils affirmèrent que les bûchers de sorcellerie appartenaient à une époque barbare et révolue; selon eux, la sorcellerie n'était qu'une illusion des gens dépourvus de raison . Par contre, d'autres tels que Michelet en 1862, ont dévelloppé une thèse romantique : ils attribuaient a la sorcière une fonction précise dans son village : elle guérissait, connaissait les herbes et était la femme consolatrice en des temps impitoyables.
Ainsi, il existe plusieurs théories pour l'étude de la sorcellerie : démonologique, rationaliste, romantique, mais selon Robert Muchembled, aucune ne reflète la façon dont était vécue la sorcellerie dans les masses populaires, il veut donc revenir aux sources documentaires et modifier la méthode d'analyse afin de chercher la logique propre du phénomène plutôt que de chercher en lui l'écho d'une pensée préalable.
* Dans un quatrième temps, l'auteur fait référence à : "La voix des oubliés". Selon lui, la sorcellerie paysanne d'autrefois doit être réintégrée au sein de la société qui la produisit; en fait, celle ci n'est intelligible que par rapport au mode de vie et à la culture de cette société. L'historien, à la différence de l'ethnologue ne peut interroger des témoins vivants; de plus , les villageois de l'Ancien Régime étaient analphabètes et n'ont donc pas pu laisser des traces écrites concernant la sorcellerie; de ce fait, la documentation est constituée par des archives de la répression et des textes rédigés par des représentants de la culture écrite : sermons destinés aux masses populaires, recettes médiévales, mémoires de notables citadins, oeuvres littéraires imprégnées de culture populaire telles celles de RABELAIS ou les anonymes EVANGILES des QUENOUILLES édités à Bruges vers 1475, documents permettant d'étudier la société rurale tels que les textes d'origine administrative, fiscale, religieuse...Selon Robert Muchembled, la sorcellerie ne peut être connue qu'à travers des archives répressives ou indirectes, en ce sens, elle ne peut être que déformée; aussi, l'auteur affirme que l'on peut " entendre " les paroles de ceux qui ont été accusés car des bribes de leur discours subsistent dans les jugements, dans les développements littéraires, dans les journaux des bourgeois... Il faut donc extraire, comparer entre eux les fragments obtenus afin de recomposer l'univers mental dont ils proviennent . L'auteur sait qu'il y a un risque d'erreur mais toute reconstruction historique comporte une part de subjectivité et pour l'instant, aucune autre technique ne permet de faire entendre la voix des oubliés de l'histoire .
* Enfin, dans un cinquième temps, l'auteur affirme qu'il existe "Deux sorcelleries" et les 2 premières parties de ce livre sont successivement consacrées à ces 2 modèles différents :
- La 1ère sorcellerie étant la sorcellerie populaire car pratiquée par la plupart des paysans qui cherchent à expliquer magiquement la vie, la mort, la maladie et qui s'adressent à des devins-guérisseurs spécialisés tout en craignant leurs pouvoirs.
- La 2ème sorcellerie étant la thèse démonologique, inventée au XVè siècle et qui a déclenché des persécussions massives à partir de la fin du XVIè siècle. En réalité, cette procédure fabrique des coupables, d'après le stéréotype de la vieille sorcière et pour proclamer la victoire du Bien sur le Mal.
- La 3ème partie de l'ouvrage rassemble des documents qui montrent la participation des villageois à cette grande épuration. En fait, les victimes des bûchers étaient des boucs émissaires dont le martyre avait pour but de rétablir la cohésion interne de la société environnante et de la cellule villageoise, toutes deux inquiètes face à l'ampleur des transformations en train de se réaliser. Le modèle démonologique disparut en France à la fin du XVIIè siècle alors que la sorcellerie populaire existe encore dans les campagnes...
- I) MAGIE ET SORCELLERIE AU VILLAGE
- II) LA CHASSE AUX SORCIERES
- III) LA SORCELLERIE DANS LA SOCIETE PAYSANNE
- LA SORCIERE AUJOURD'HUI (conclusion)
- NOTES ET REFERENCES
- BIBLIOGRAPHIE