Marguerite de France ou de Valois
(Saint-Germain-en-Laye 1553 - Paris 1615) Reine de France (1589 - 1599).
Première femme de Henri IV.
Inhumée à l'abbaye de Saint-Denis.
Fille de Henri II et de Catherine de Médicis, soeur des derniers rois Valois, la reine "Margot" laisse une réputation à la fois fascinante et déplorable.
C'est à la fois "la Perle des Valois", la plus séduisante des princesses dont on ne se lasse pas de louer la beauté, la culture, l'élégance et une "Margot" dont l'ambition brouillonne et la promiscuité à tous vents choquent même à cette époque débridée.
Pire, elles lui coûtent le trône de France. Car si elle est bien officiellement reine de France pendant dix ans, de l'avènement d'Henri IV à son divorce en 1599, elle ne règne jamais en fait, puisque les époux sont séparés et que Marguerite passe tout ce temps enfermée au château d'Usson.
Tout son mariage lui est d'ailleurs venu de ce mariage avec Henri de Navarre, "noces de sang" conclues en 1572 sous les plus mauvais auspices, quelques jours à peine avant la Saint-Barthélemy.
Il a fallu toutes les pressions de Charles IX et de Catherine de Médicis pour que Marguerite accepte de s'unir à ce cousin huguenot dont le raffinement laisse à désirer et qui ne s'intéresse pas particulièrement à elle. Ils ne seront jamais vraiment amis et alliés.
Et à peine mariée, la voilà femme d'un prince prisonnier du Louvre et privé pendant plusieurs années de tout pouvoir.
Son ambition et sa sensualité la poussent alors à des erreurs qui la discréditent (liaison avec La Mole, idéalisée par Dumas).
Elle a le tort surtout de prendre le parti du dernier de ses frères (le duc d'Alençon puis d'Anjou) et de se brouiller ainsi à la mort avec Henri III. Elle se retrouve sans aucun soutien, dans une époque de troubles et de violences inouïes : ses passions trop fortes vont l'empêcher de s'y conduire avec la sagesse qui lui aurait fait éviter le naufrage.
Elle put croire cependant un moment avoir trouvé un havre de paix et un certain équilibre, lorsqu'elle le rejoint en 1578 son mari, qui avait réussi à regagner ses États.
En 1579, installée à Nérac, elle donne à la cour du roi de Navarre un éclat dont on se souvient encore. Les meilleurs esprits s'y retrouvent, ainsi le poète Du Bartas et surtout Montaigne, homme de confiance d'Henri, qui fréquente la cour en 1579 - 1580 et dont on a même pensé que "l'Apologie de Raymond Sebon", un des plus importants chapitres des "Essais", doit quelque chose à ses discussions avec la reine.
Le charme de cette cour rayonne au loin, puisque Shakespeare y situe la scène de ses "Peines d'amour perdues". Ce ne sont que fêtes, concerts, poèmes, débats platoniciens sur "l'honnête amour", qui n'empêchent pas les galanteries plus terrestres, les deux époux fermant les yeux sur leurs infidélités réciproques.
Malheureusement pour Marguerite, ce seul épisode de sa vie ne dure pas car les troubles reprennent entre Henri de Navarre et Henri III.
Revenue à la cour de France en 1582, Marguerite qui, soutient toujours le duc d'Anjou contre le roi de France, se brouille à nouveau avec Henri III qui l'oblige à quitter Paris en 1583.
Le retour à Nérac où elle n'est guère la bienvenue (Henri est tout occupé par sa passion pour "Corisande"), désespérée de la mort du frère sur lequel elle avait tout misé (le duc d'Anjou meurt en juin 1584)..
Elle commet la faute capitale de sa carrière en s'alliant à la Ligue alors en rébellion ouverte contre Henri III. Elle obtient des subsides de Philippe II grâce à Henri de Guise, fortifie Agen et fait la guerre à son mari, au milieu d'amours tumultueuses.
Agen la chasse, elle se réfugie à Carlat dont elle est à nouveau chassée.
Finalement après des aventures qui paraîtraient peu vraisemblables dans les romans, on la fait prisonnière, à la grande joie de sa mère et de son frère, Henri III fait prendre son amant du jour par les pieds et la fait enfermer au château d'Usson, en Auvergne, en novembre 1586.
Elle y passera presque vingt ans, non sans duper son geôlier et usurper la châtellenie, mêlant piété et galanterie selon un style qui sera le sien jusqu'à la fin de sa vie.
C'en est fini de son rôle politique. Il lui restait à négocier son divorce ou comme on disait son "démariage". Henri IV ne peut rester en effet dans cette position fausse d'être et de n'être pas marié.
Il entreprend des négociations avec Marguerite dès 1592 ; celle-ci comprend bien qu'il n'est pas question de reprendre une vie commune avec celui qui est maintenant le roi de France et qui, a envie de sortir d'Usson, manifeste sa bonne volonté.
Il y a assez d'ailleurs de motifs d'annulation, consanguinité, contrainte, différence de religion, sans compter l'absence d'enfants qui n'a pas, elle, valeur juridique.
Mais l'affaire se complique du fait que le roi semble vouloir divorcer non pour épouser une princesse et son rang mais pour régulariser sa liaison avec Gabrielle d'Estrées et légitimer ses bâtards : Marguerite refuse d'être remplacée par cette "décriée bagasse" et fait traîner les choses en longueur.
Dès la mort inopinée de Gabrielle, à Pâques 1599, elle fait hâter la procédure et le "démariage" se fait, (La sentence d'annulation est prononcée par le pape en décembre 1599), à ses conditions : son titre de reine est confirmé, elle est faite duchesse de Valois et reçoit des compensations financières.
Marguerite peut alors quitter Usson et se rapprocher de Paris où elle finit par rentrer en 1605, bien guérie des complots et fidèle "soeur" de son ex-époux. Elle va y vivre dix ans encore, coquette et obèse, risée des Parisiens, amie de Marie de Médicis, dans un inimitable mélange de faste, de débauche et de piété.


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