Charles Quint (Gand 1500 - Yuste en Estremadure 1558)

Un héritage multiple:

Il était le fils de Philippe-le-beau, archiduc d'Autriche (fils de Maximilien d'Autriche et de Marie de Bourgogne), et de Jeanne-la-Folle (fille de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle de Castille).
Charles perdit son père à l'âge de 6 ans et reçut son héritage bourguignon: Flandres, Artois et Franche-Comte. Les Flamands appelèrent alors à la régence son grand-père paternel l'empereur Maximilien d'Autriche. En 1516, à la mort de son grand-pêre maternel Ferdinand d'Aragon, il fut appelé au trône d'Espagne sous le nom de Charles 1er et hérita d'un empire immense: Castille, colonies d'Amérique, Aragon, Navarre, Sardaigne, Sicile et Naples.
A la mort de Maximilien en 1519, le trône de l'Empire était vacant. Des élections furent organisées et Charles fut élu empereur contre Francois 1er, grâce à l'aide financière du banquier Fugger. Il prit alors le nom de Charles Quint.

Débuts difficiles (1519-1521):

Sa première difficulté fut de faire reconnaître son autorité en Espagne. Les Aragonais voulaient conserver les droits particuliers de leurs provinces, les Castillans reconnaissaient sa mère Jeanne-la-Folle comme seule souveraine, et d'une façon générale, les Espagnols craignaient que son élection à l'Empire ne le tourne trop vers l'Europe centrale. Aussi, lorsqu'il partit visiter l'Allemagne en 1520, la révolte éclata à Tolède. Elle fut réprimée, mais il fallut attendre le retour du souverain en Espagne en 1522 pour que son pouvoir cesse d'être contesté.

La lutte contre la France et la sixième guerre d'Italie (1521-1526):

Le conflit avec la France commença en 1521. Les Français envahirent la Navarre, mais connurent des revers dans les Pays-Bas. Comme la guerre n'aboutissait pas, un congrès se tint à Calais, possession anglaise. La médiation du roi d'Angleterre Henri VIII fut un échec et au contraire, il conclut avec l'Empereur une alliance: la France était attaquée par la Picardie et par l'Espagne.
Pendant ce temps, la guerre continuait dans le Milanais. L'union avec Léon X en 1520 permit aux Impériaux de récupérer Milan (1521). Parme et Plaisance furent rendues à l'Eglise. La déroute française continua après la mort du pape en 1522, avec la défaite de la Bicocque. L'année suivante, Charles Quint se décida à envahir la France. Une armée impériale commandée par un traître français, le connétable de Bourbon, tenta une percée en Provence, mais fut arrêtée. Au nord, les Anglais furent humiliés; en Bourgogne, les Allemands repoussés; et en Guyenne, les Espagnols arrêtés. Ces succès éblouirent François 1er qui se remit en marche pour le Milanais. Mais la campagne fut catastrophique et se termina à Pavie par sa capture (1525). Il fut transféré en Espagne où Charles Quint l'humilia en le traitant avec cruauté. François 1er menaça d'abdiquer, ce qui aurait enlevé à Charles Quint les fruits de la victoire. Finalement, il le contraignit à signer le Traité de Madrid en échange de sa libération (janvier 1526), mais celui-ci ne fut jamais appliqué.

Le revirement des alliers de Charles Quint et la septième guerre d'Italie (1526-1529) :

La toute puissance de Charles Quint inquiétait ses alliés : Henri VIII se rapprocha de François 1er et le pape Clément VII se mit à la tête d'une ligue d'états italiens. Elle fut vaincue, et le connétable de Bourbon qui devait payer ses troupes alla mettre Rome à sac (1527). Le pape fut fait prisonnier au nom de l'Empereur, ce qui provoqua l'indignation de toute l'Europe. Comme la guerre s'éternisait et devenait coûteuse, François 1er et Charles Quint signèrent la paix de Cambrai (août 1529) où l'Empereur renonçait définitivement à la Bourgogne. L'année suivante il visita l'Italie, réinstalla les Médicis à Florence et se fit couronner roi de Lombardie et Empereur des Romains par le pape.

La croisade contre le Turc:

François 1er ayant signé ses Capitulations avec le Turc Soliman II, et Venise préférant négocier ses intérêts pacifiquement, Charles Quint se retrouva seul en Chrétienté à s'opposer aux Ottomans. Il dut surveiller la frontière avec la Hongrie et la Méditerranée occidentale. A l'est, le Turc prit Belgrade en 1521, puis Rhodes et ne fut arrêté devant Vienne qu'en 1529. Le Turc s'avança également en Méditerranée occidentale aidé par ses corsaires (dont Barberousse et Dragut). Il s'empara notamment de Tunis en 1534 (que Doria reprit l'année suivante), d'Alger (1541), de Tripoli (1551), de Penon (1554) et de Bougie(1555).

L'or des Indes:

C'est en 1503 que fut crée la Casa de Contratacion qui exploitait les possessions américaines. Mais l'argent n'afflua vraiment qu'après la découverte des gisements du haut Pérou en 1545. L'argent étant le nerf de la guerre, Charles Quint aurait certainement connu plus de succès si cette découverte avait été plus précoce. En 1545, les jeux étaient faits : le Turc avait triomphé en Méditerranée et la France n'avait pas cédé d'un arpent de son territoire. En outre, l'argent ne fit que traverser l'Espagne et permit surtout aux autres puissances de créer des emplois.

La fin du règne: l'échec des Habsbourg.

Dans l'Empire, Charles Quint eut régulièrement à lutter contre les protestants. En 1538, il dut signer un trêve avec la ligue de Smalkalde qui était soutenue par François 1er. En 1547, il battit les princes luthériens à la bataille de Mühlberg, et exigea leur retour au sein de l'Eglise catholique dans un réglement appelé Intérim d'Augsbourg. Mais les protestants s'unirent au nouveau roi de France, Henri II. Charles Quint manqua d'être fait prisonnier à Innsbruck et devant cette démonstration de force, dut négocier le traîté de Passau dans lequel il autorisait l'exercice de la religion protestante. Les troubles continuèrent cependant jusqu'à la mort du principal fauteur, Maurice de Saxe, et en 1555 on put signer la paix d'Augsbourg qui reconnaissait le protestantisme dans tout l'Empire selon le principe du cujus regio, ejus religio.
Affaibli et déçu, Charles se retira aux Pays-Bas qu'il détacha de l'Empire. En 1555, alors que la goutte le rongeait, il abdiqua du trône de Flandre, puis de celui d'Espagne, et y plaça son fils Philippe II. Mais il ne put convaincre les Electeurs de l'Empire qui lui préférèrent finalement son frère Ferdinand. Il se retira alors en Estrémadure, au monastère de Yuste et y mourrut le 21 septembre 1558.




Texte écrit par FXC

URL d'origine : http://www.publius-historicus.com/ch_quint.htm


Retour