4. Conclusion

La figure de Saint Jérôme correspond à l’idéal observant né à la fin du XIVème siècle. Il est pour tous un modèle de vie et de piété. Tel un " miroir " spirituel faisant parcourir les étapes de l’élévation spirituelle.

Au XV-XVIème siècle, Saint Jérôme en vient à incarner tout un programme spirituel favorisant la fondation de communautés religieuses. Dans le contexte des prédications de Savonarole et de la Réforme, le saint incarne, tout à fait, l’esprit de rénovation de la vie religieuse à travers l’érémitisme et la vie contemplative. Il sert d’exemplum à toute une communauté religieuse et laïque car il est la plus sûre promesse de Salut éternel.

Le Saint Jérôme est un saint protéïforme car, sur sa seule figure, il accumule une pluralité de significations. Le pénitent au désert est une synthèse entre la traditionnelle figure d’autorité et celle du " miroir " spirituel. L’extrême banalisation des sources hagiographiques sert de support à l’iconographie.

Le tableau de Pontormo est dominé par un rouge vif. Le corps du saint est contorsionné et son visage est déformé. Le fond tend à l’abstraction. L’oeuvre, entière, est marquée par un pathos incomparable. Pontormo propose ici une simplification plastique et psychologique, un rythme et une expression issus des profondeurs de l’âme. L’épuration de la ligne va de paire avec une espèce d’hypersensibilité dans l’expression. La figure est humanisée pour représenter le repentir d’un homme et la recherche du Salut par la pénitence.

L’oeuvre de Pontormo montre une exagération des expressions, un abandon des équilibres attendus, l’émergence d’une conception dramatique de l’existence. Pontormo se rapproche de la mélancolie spleenétique et rêveuse de son personnage.


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