Les sorcières : mythes ou réalité ?

Danae
Danae par Gustav Klimt



Depuis les premières thèses élaborées sur la sorcellerie, le domaine des mentalités a bien évolué. La thèse de Michelet, faisant de la sorcière une révoltée sociale, est devenue désuète, et une approche plus globalisante du phénomène s'est mise en place. En effet, selon les recherches de Robert Muchembled, la chasse aux sorcières aurait principalement été causée par une acculturation des campagnes visant à intégrer de force les habitants dans le nouvel ordre des choses, c'est-à-dire une époque de progrès et de changement appelée la modernité. Ce mouvement provenait donc des élites religieuses et laïques, mais a également été appuyé par les coqs de villages. Étant donné les arguments solides qui soutiennent cette thèse, c'est cette dernière qui servira de base à cette étude et qui sera approfondie plus en détail. Toutefois, étant donné l'ampleur du phénomène, cette étude se restreindra à la région de la France seulement pendant la période 1580-1680.

Tout d'abord, une mise en contexte de la sorcellerie doit être élaborée en dressant un bref portrait des acteurs de la répression, puis en expliquant les peurs qui sévissaient chez les masses et chez les élites à cause de la doctrine démonologique. Ces explications nous permettrons de comprendre les différences qui existaient entre les mentalités des masses et celles des élites. Ensuite, la chasse aux sorcières sera définie en donnant un aperçu du rôle de la femme dans la société, ce qui nous permettra de comprendre pourquoi le deuxième sexe fut tellement visé. Puis nous verrons l'existence de différentes conceptions de la sorcellerie et un aperçu du déroulement des procès. Par la suite, il est primordial de situer dans l'espace et dans le temps le phénomène pour en comprendre les nuances et pour faire le lien avec le phénomène d'acculturation des campagnes. Nous pourrons donc comprendre comment le processus de soumission des corps et des âmes s'est opéré et comment la sorcière a put servir d'exutoire aux tensions villageoises.

Le discours démonoligique

En France, les accusés de sorcellerie sont des femmes dans des proportions d'environ 80%, c'est pourquoi le terme sorcière sera utilisé tout au long de ce travail. Ces sorcières sont généralement des veuves relativement âgées, et sont habituellement de la même catégorie d'âge ou un peu plus vieilles que les accusateurs. Par le fait même, elle est également plus vulnérable parce qu'elle n'est souvent plus protégée par les liens de solidarité que procure la famille. La plupart du temps, ces femmes sont des voisines des accusateurs, et sont donc connues et fréquentées par ces derniers.

Toutefois, il est important de mentionner qu'il existe des différences majeures entre ces femmes et leurs accusateurs. La sorcière est dans la majorité des cas plus pauvre que ses accusateurs et elle vient souvent leur quémander quelques services ou petits emprunts. De plus, on peut dire que cette dernière appartient à l'ancien ordre des choses, c'est-à-dire qu'elle continue de vivre selon les coutumes qui prévalaient depuis des siècles, alors que son entourage, et plus particulièrement les mieux nantis du village, ont évolué; ils ont fréquenté les écoles de paroisse, ont appris à lire, et surtout se sont laisser imprégner du nouveau discours clérical qui condamnait les coutumes païennes pratiquées par ces supposées sorcières.

La chasse aux sorcières

Pour bien comprendre le phénomène de la sorcellerie, il faut bien sûr tenir compte du contexte dans lequel il évolua. En effet, le XVIe siècle est une époque de grande effervescence mais aussi de ruptures. C'est le début de la modernité, avec tout ce que cela comporte de bouleversement. Justement, c'est à cette époque que le discours démonologique prit véritablement de l'ampleur et qu'il fut largement diffusé dans les masses populaires par l'imprimerie et les discours cléricaux. La doctrine démonologique qui a été établie par l'Église se définissait comme "...la théorie de l'appartenance des sorciers à une secte satanique organisée", et fut reprise par des juges et des laïques qui lui ajoutèrent une dimension politique.

Ce discours était en réalité le reflet d'une société apeurée par l'approche imminente de la fin du monde, ce qui est tout à fait compréhensible étant donné les nombreux bouleversements qui s'opéraient dans une société immobile depuis des siècles. Selon les démonologues, les sorcières sont donc envoyées par Satan pour tenter l'humanité à commettre les pires crimes. D'ailleurs, on constate que la présence de Satan dans les mentalités s'accroît considérablement à cette époque et que ce dernier est largement dépeint dans les discours et l'iconographie ecclésiastique.

Le rôle de la femme

On peut maintenant se demander pourquoi les femmes étaient majoritairement soupçonnées de sorcellerie. Tout d'abord, les femmes étaient réputées pour être des guérisseuses. Lors de veillées, elles s'échangeaient des recettes, des façons d'influencer le sort, etc. Ce sont les femmes qui transmettaient les croyances païennes et les superstitions. De plus, étant donné la rareté des écoles, ce sont les femmes qui transmettaient la culture populaire en enseignant les rudiments de l'écriture à leurs enfants. Par le fait même, elles sont devenues des concurrentes pour certains. Par ses conseils et son savoir, la sorcière rassurait la population et occupait une place importante dans la société, ce qui avait pour effet de réduire l'influence des prêtres sur leurs ouailles. Par son rôle de sage femme, elle remplaçait les médecins coûteux et rares à la campagne. On peut donc facilement comprendre pourquoi les médecins et les prêtres s'acharnèrent tant à dévaluer les croyances païennes.

De plus, la présence d'un antiféminisme virulent dans le discours de l'Église a poussé les élites à identifier la femme comme un agent de Satan. Par sa nature faible et débile, elle est plus sujette à se laisser duper par Satan, croyait-on. En plus, la femme était perçue comme une insatiable qui est prête à tout pour assouvir ses besoins les plus pervers, ce qui n'était sûrement pas à son avantage dans une période de répression sexuelle. D'ailleurs, on constate l'importance de la sexualité dans les procès de sorcellerie, car on insistait pour faire décrire aux accusés les détails des scènes de copulation satanique.

Différentes conceptions

On constate lors des procès qu'il existe une différence importante dans la définition du crime de sorcellerie pour les élites et pour les masses paysannes. En réalité, ces deux groupes parlaient un langage totalement différent, mais leurs intérêts se rejoignaient à quelques parts, c'est pourquoi la chasse aux sorcières a remporté un tel succès.

Pour les ecclésiastiques tout comme pour le roi, les procès de sorcellerie s'avéraient le meilleur moyen pour débusquer "une secte satanique qui était censée constituer une Église parallèle, un État subversif". Ils croyaient que les sorcières constituaient une communauté d'agents au service de Satan afin de renverser l'ordre en place. C'est pourquoi ils recherchaient essentiellement des aveux des accusés décrivant des scènes de sabbat, car pour eux, le sabbat constituait l'inverse de de la religion catholique. D'ailleurs, ils croyaient que pour devenir sorcière, la femme devait d'abord participer à un rituel d'initiation à la secte satanique où elle y recevait des poudres maléfiques, puis elle devait se rendre régulièrement aux sabbats où l'on y célébrait des messes à l'envers et où l'on y pratiquait des orgies de toutes sortes avec le diable et ses disciples.

Pour les masses populaires, le crime de sorcellerie se manifestait d'une manière fort différente. La guérisseuse devenait sorcière lorsqu'elle jetait un mauvais sort sur un membre de la communauté. En fait, la sorcière donnait une explication à l'inexplicable. Ceci se traduit très concrètement dans la vie rurale. Par exemple, lorsqu'un individu est secoué successivement par le drame, comme des mauvaises récoltes ou des morts à répétition, la sorcière était accusée d'avoir provoqué ces malheurs par ses pouvoirs. La sorcière devenait donc, dans une communauté rurale en mutation, le bouc émissaire de problèmes de plus en plus nombreux.


Déroulement des procès

Rythme et évolution de la sorcellerie

Les procès se déroulaient généralement de la façon suivante: le témoin confirme qu'il connaît bien l'accusé et que ce dernier à une réputation de sorcier. Ensuite, il énumère les dommages que ce dernier a causés à la communauté ou à lui-même tels des pertes d'animaux, de biens, des mauvaises récoltes, ou même d'avoir emmené la maladie ou d'avoir causé la mort à un membre de la communauté. On constate également que de jeunes enfants sont souvent amenés à témoigner dans ces procès, et ce pour une bonne raison; les enfants qui ont été à la petite école sont habitués au discours des prêtres et n'ont pas peur de parler le même langage qu'eux. Les juges relient automatiquement ces témoignages à l'existence d'une secte satanique, et par la suite se servent de ces témoignages pour amener l'accusé à avouer. Comme l'interrogatoire ne suffisait généralement pas à faire parler les accusés de pacte satanique, les juges ordonnaient de faire venir le piqueur. Cette pratique servant à identifier les sorcières consistait à soumettre ces dernières à des piqueurs chargés de trouver des zones insensibles sur le corps de l'accusé. Ils pouvaient également trouver une marque diabolique quelconque, telle des petits points sur l'épaule gauche, comme ceux trouvés sur Aldegonde de Rue et qui la conduisirent directement au bûcher. Lorsque les piqueurs parvenaient à trouver une marque, par la suite les juges ordonnaient généralement la torture, ce qui réussissait fréquemment à leur faire avouer n'importe quoi.

De plus, les habitants s'organisaient parfois entre eux pour faire passer aux accusés l'épreuve de l'eau. Celle-ci consistait à jeter la présumée sorcière à l'eau, mais en prenant soin de lui lier les membres précédemment. Si cette dernière flottait, elle avait évidemment des pouvoirs magiques, ce qui en faisait bel et bien une sorcière, et si elle coulait, elle était innocente. Comme on peut facilement se l'imaginer, cette pratique conduisait très souvent l'accusé qui s'avérait innocente à la mort. C'est pourquoi les autorités condamnèrent cette pratique qui, en plus, constituait une échappatoire au contrôle de la justice.

Cependant, un frein relatif existait à la répression: la cherté des procès. En effet, les procès exigeaient que la population fasse une contribution financière supplémentaire, donc un sacrifice de plus par ses temps difficiles, car malgré le fait que les biens de la sorcière lui soit confisqués pour couvrir les frais du procès, cette somme s'avérait insuffisante étant donné la pauvreté de l'accusé. Très souvent, ces procédures accaparaient les bourses des habitants et du seigneur local pendant quelque temps, ce qui peut expliquer que certaines sorcières aient été épargnées par manque de ressources financières, telle la mère d'Antoinette Lescouffe.

Géographie de la sorcellerie

Le véritable point de départ des bûchers fut vraisemblablement 1486-1487, années où parut le fameux Marteau des sorcières de Sprenger et Institoris. Ce véritable ouvrage de propagande de l'Inquisition doit son succès en grande partie au fait qu'il avait inséré en préface le texte de la bulle Summis desiderantes affectibus envoyé par le pape Innocent VIII en 1484, et qui visait à enrayer les sorcières dans certaines régions d'Allemagne. Le marteau des sorcières s'est rapidement rendu en France, plus particulièrement à Paris, où en 1497 une version de plus petit format fut offert au grand public. Toutefois, cet ouvrage ne connut pas un succès fulgurant à ce moment. Ce n'est qu'après avoir été réédité en 1574, 1580 et 1584 qu'il prit alors réellement le rôle de manuel de chasse aux sorcières.

En effet, entre 1484 et 1580, les mentalités ont bien évolué. Tout d'abord, Charles Quint avait fait publier en 1532 la Constitutio Criminalis Carolina, une loi impériale qui donnait aux juges le droit "...d'arrêter et de torturer ceux qui usaient d'enchantements, livres, amulettes, formules, etc." et de faire brûler tous ceux qui seront trouvés coupables de telles pratiques dans le Saint Empire romain germanique. La France ne tarda pas à emboîter le pas, et en 1539 elle publia l'Édit de Villers-Cotterêts qui reprenait les idées de Charles Quint. Le pas était maintenant franchi. Le crime de sorcellerie était devenu un crime de lèse-majesté divine, et les juges laïques pourront désormais remplacer les ecclésiastiques chargés de l'Inquisition.

Le marteau des sorcières a été ensuite repris par le fameux démonologue et économiste Jean Bodin. Avec sa Démonomanie des sorciers, il a su adapter à son époque les propos de Sprenger et Institoris pour en faire ressortir des propos sécularisés. La théorie de Bodin était fondée sur le crime de lèse-majesté divine, c'est-à-dire le pire crime qui puisse exister: "un crime religieux des plus graves et le plus abominable des pêchés." C'est justement après la diffusion de cet ouvrage que le nombre de bûchers à s'allumer s'intensifiait et atteignait son apogée, soit entre 1580 et 1640.

Pour ce qui est des chiffres, il est hasardeux de proposer un nombre exact d'accusations. Toutefois, il est possible d'avancer que les accusés se comptèrent davantage par centaines que par milliers, et que les 100 000 bûchers de Voltaire étaient vraiment exagérés. On peut également avancer approximativement que seulement 50% des centaines d'accusés, était conduit au bûcher; l'autre moitié était fréquemment condamnée au bannissement.

L'acculturation des campagnes

L'épicentre du phénomène est sans aucun doute la zone de contact entre deux civilisations: les protestants du Saint Empire romain germanique et les catholiques de France. Grossièrement, elle se situe le long du rhin et de ces embranchements, qui traverse également les Pays-Bas espagnols, la Suisse et le duché de Savoie. Cet endroit n'est pas le fruit du hasard, mais plutôt la zone de friction entre les catholiques et les protestants, tout deux tentant de convertir les âmes de son voisin à sa religion. Cette portion de territoire était donc quotidiennement soumis à de grandes tensions. D'ailleurs, pendant la guerre de Trente Ans qui débuta en 1618, les bûchers se multiplièrent à vue d'oeil.

De plus, cette région n'est pas la seule à avoir connu la frénésie des persécutions: le Languedoc, la Normandie et le sud-ouest ont également été le théâtre de telles scènes. Ceci s'explique par le fait que ces régions sont, tout comme la frontière est de la France, à l'extrémité du pays. En effet, on constate que les régions situées en périphérie du pouvoir central sont portées à se révolter et sont plus difficiles à surveiller, c'est pourquoi la répression de la sorcellerie y est nécessaire. Elle permet de fabriquer une cohésion sociale et de mettre sur pied un système de surveillance par les communautés mêmes. Celui-ci se met facilement en branle car comme on peut facilement l'imaginer, la peur de se faire dénoncer comme un agent de Satan devient omniprésente avec la multiplication des bûchers, et chacun commence à épier son voisin et à agir selon les nouvelles normes afin de devenir totalement irréprochable. C'est le principe même de l'obéissance par la peur. Toutefois, d'autres facteurs participent à cette multiplication des bûchers, comme le besoin d'un bouc émissaire pour libérer les tensions sociales qui augmentent au sein de la communauté.

La soumission des âmes et des corps

Comme nous l'avons vu précédemment, l'Europe du XVe et du XVIe siècles est en pleine transformation, du moins un changement profond se manifeste chez l'élite de l'époque. Ce sont les premiers pas de la modernité, qui se font difficilement. D'ailleurs, c'est justement à cause de la résistance des masses rurales à ces changements que la répression de la sorcellerie devient nécessaire. Cela se traduit de la façon suivante: ce n'est pas la sorcellerie qui a évolué pendant cette période, mais bien la perception que l'élite s'en faisait. Pour eux, c'est la perpétuation des croyances païennes qui constituait la sorcellerie, car elle était un frein à la modernité et à la mobilité. Ces croyances maintenaient les masses populaires dans l'immobilisme moyen-âgeux qu'ils tentaient maintenant de combattre.

Les élites se lancèrent alors dans une vaste entreprise d'acculturation des campagnes qui visait à faire abandonner les pratiques magiques des masses incultes. Pour ce faire, des écoles dirigés par des clercs ont été fondées afin de transmettre les connaissances de base en écriture, mais surtout afin de christianiser le peuple. Ce mouvement de répression venait nécessairement du haut, c'est-à-dire autant du clergé que du roi. Il se démontrait par une volonté de soumettre les corps et les âmes, et de créer ainsi de bons sujets obéissants. On peut donc dire que les motifs de la répression étaient autant d'ordre politique que religieux.

Par contre, il faut mentionner qu'une collaboration des masses devait être présente pour que s'enflamment les bûchers. En effet, on remarque que les coqs de villages ont souvent collaboré à la répression de la sorcellerie, car ceux-ci y voyaient leur intérêt. En accusant de pauvres femmes arriérées, ils se différenciaient d'une classe païenne et inculte. En effet, ces coqs de village avaient très souvent fréquenté les écoles locales où le discours démonologique était très présent, ce qui les avaient coupés de la vision traditionnelle du monde. Mais la raison fondamentale à cet appui est davantage d'ordre économique, car les mieux nantis du village avaient une peur terrible de perdre leur supériorité financière dans une période de paupérisation. Les pouvoirs magiques qu'évoquaient les pauvres constituaient donc une menace pour eux. En exterminant les sorcières, ils faisaient véhiculer le message suivant: toute personne qui ne veut se soumettre à l'ordre des choses périra du même sort. Ils donnaient ainsi un avertissement aux pauvres qui seraient tentés de se révolter.

D'ailleurs, ce message était clairement expliqué lors de l'exécution de la sorcière. La sentence consistait souvent à faire brûler vif la sorcière sous les flammes d'un bûcher, mais parfois on prenait soin de l'étrangler avant, afin de lui abréger ses souffrances. Habituellement, cette procédure était effectuée devant toute la communauté, afin de terrifier et de donner l'exemple à ceux qui tenteraient de sortir des normes établies. Tensions sociales et boucs émissaires

La période de 1450-1600 est également une période de crise économique et démographique qui créa des tensions supplémentaires dans les communautés villageoises, car il faut bien le souligner, le phénomène est spécifique aux campagnes. Ces tensions se manifestent par une augmentation considérable de la population, et une crise céréalière faisant augmenter le prix du pain. Les habitants s'accrochèrent alors à leur lopin de terre, et la paupérisation des masses s'accrut. Ces tensions ont trouvé un bouc émissaire très pratique pour les masses au sein de la sorcière. Car autant la sorcière pouvait guérir de tous les maux, autant elle pouvait être à la source même de ces maux. Les habitants trouvèrent donc une explication à leurs malheurs consécutifs chez celles même où ils allaient chercher secours habituellement. D'ailleurs, on constate que les persécutions datant de la période précédent le XVe siècle sont le fruit exclusif de ce phénomène. Ces persécutions avaient pour objet d'éliminer la source de problèmes inexplicables qui s'abattaient sur le village, et c'est d'ailleurs pourquoi on peut affirmer que les persécutions précédentes au XVe siècle émergèrent des communautés même, et non du mouvement d'acculturation des campagnes. Conclusion: l'invention de l'homme moderne

Conclusion

Pour conclure, nous devons nous rappeler que ce sont surtout des femmes qui ont été touchées par la vague de persécutions du XVe et XVIIe siècles. Le discours démonologique a influencé les élites, qui l'ont par la suite utilisé comme argument pour justifier la répression. Il ne faut donc pas oublier que ce mouvement est parti du haut de la société (l'élite), qu'il a été appuyé par les coqs de villages, et qu'il suivait une géographie particulière. Donc les deux groupes y ont trouvé leur compte. Les élites ont put ainsi acculturer les masses pour en faire de bons sujets chrétiens, et les villageois ont trouvé un bouc émissaire aux tensions que provoquèrent ces grands bouleversements en la guérisseuse du village qui s'est soudainement métamorphosée en sorcière, coupable des pires crimes de l'humanité.

Bien entendu, on ne peut être d'accord avec la persécution en si grand nombre d'innocentes victimes, mais il faut tout de même avouer que ce phénomène a contribué largement à l'évolution de la société française. En fait, ce mal était peut-être nécessaire à l'émergence d'un homme nouveau, c'est-à-dire l'homme moderne que l'on connaît aujourd'hui.


Bibliographie

Delumeau, Jean. La peur en Occident, XIVe-XVIIIe siècle. Une Cité assiégée. Paris, Fayard, 1978.

Muchembled, Robert. Culture populaire et culture des élites dans la France moderne (XVe-XVIIIe). Paris, Flammarion, 1991.

Muchembled, Robert. La sorcière au village (XVe-XVIIIe siècle). Paris, Gallimard-Julliard, 1991.

Muchembled, Robert. Le roi et la sorcière. L'Europe des bûchers XVe-XVIIIe siècle. Desclée, Paris, 1993.

Muchembled, Robert. Sorcières, justice et société aux XVIe et au XVIIe siècles. Paris, Imago, 1987.


Cette page a été réalisé par Chantal Lapointe
conseillère en cybermarketing, designer de pages web et formatrice.


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